« It’s not where you’ve been, but where you can go! »

« It’s not where you’ve been, but where you can go! »

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« It’s not where you’ve been, but where you can go! »*

Avant de partir, j’avais listé toutes ces choses que j’aimerais faire durant ce voyage: voir certains sites, faire certaines activités, aller dans tel ou tel pays… Avec cette idée que ce serait maintenant ou jamais, et qu’il fallait que je me donne les moyens de réaliser mes rêves.
On m’avait parlé aussi de cette montagne bolivienne, 6088m au sommet, soi-disant l’un des 6000m les plus accessibles au monde… J’étais partagée entre l’envie secrète de la mettre sur ma bucket list et la peur de l’échec, parce que quand même, 6088m, ce n’est pas rien!

Au final, une fois sur place, entendre le récit de ceux qui ont fait l’ascension me donne l’espoir que c’est possible et surtout, me donne l’envie de tenter l’expérience avec l’idée que j’irai au bout de ce que mon corps me permettra sans me mettre en danger et que si c’est pas le sommet, ce ne sera pas grave.

Je décide de me lancer: après m’être bien renseignée sur tous les aspects inhérents à cette ascension (c’est de la haute montagne, ce n’est pas anodin encore moins un parcours de santé), je choisis un guide et je me fonce.

Premier jour

Nous arrivons au camp de base de Casa Blanca situé à 4700m environ en voiture après une longue route de piste cahotante. L’excitation est palpable. Nous posons nos affaires au refuge et nous équipons: gants, pantalon et veste de ski, bonnet, casque, 2 paires de chaussettes, chaussures de ski… Cette première journée est une journée d’acclimatation. Elle est destinée à nous préparer à faire un effort physique en situation d’hypoxie (manque d’oxygène, ici lié à l’altitude).

Nous marchons jusqu’au glacier situé à 5000m environ et là nous mettons baudrier et crampons, et c’est parti pour l’escalade de 20m d’un mur de glace vertical appartenant au glacier à la force des crampons et des piolets. Pour la première fois de ma vie je me suis entendue pousser des cris (comme les tenniswomen à la télé, vous voyez?) à chaque fois que je plantais le piolet avec l’envie de ne pas abandonner malgré la difficulté de l’exercice!

 

2ème jour

Le lendemain, nous partons pour le deuxième refuge situé au Camp des Roches à 5130m environ, chargés de nos gros sac à dos d’une bonne dizaine de kilos, au moins, contenant beaucoup d’eau, le matériel de montagne (crampons, baudrier, piolet …), des couches supplémentaires au cas où, et notre sac de couchage. Je regrette déjà d’avoir forcé sur les arepas colombiennes, les banana bread guatémaltèques, les empanadas argentines… entre le sac et mes bourrelets je me sens louuuuurde, je suis obligée de marcher trèèèèès lentement et je me dis que le sommet, ce n’est vraiment pas gagné!

Mais la marche est d’assez courte durée, en fin de matinée nous sommes déjà arrivés au campement et nous pouvons nous restaurer et nous reposer pour la vraie ascension qui aura lieu le soir même!

3ème jour

On se lève vers minuit le regard hagard, complètement déphasés, sans savoir s’il fait jour ou nuit. Vraiment pas faim mais on se force à manger pour se donner de l’énergie et on boit un thé de Coca en prévention du mal de l’altitude potentiellement à venir. Il doit faire au moins -15 degrés dehors, la chasse d’eau artisanale des toilettes a gelé, l’air est glacé, alors on met 3 épaisseurs de chaussettes, deux épaisseurs de gants, 2 pantalons, autant de pulls, les crampons, le baudrier, le casque avec la frontale… et on part encordés à l’assaut de la montagne que l’on ne distingue même pas dans l’obscurité et les nuages!

L ‘ascension commence et on va douceeeeement. Difficile de respirer, je dois régulièrement m’arrêter pour reprendre mon souffle quelques minutes. On ouvre un twix pour se donner du courage mais il a congelé et mon estomac est noué… L’eau dans ma bouteille est glacée, des glaçons se sont formé bien qu’à l’abris dans mon sac.

On passe des passages difficiles où l’on s’enfonce dans la neige à chaque pas… on s’aide du piolet… Il faut trouver le bon rythme pas trop lent ni surtout trop rapide… et avant tout régulier pour gérer son souffle. Pas évident d’autant qu’on n’a pas tous le même rythme…Mon guide était je pense désespéré par mon pas de tortue mais je ne pouvais vraiment pas aller plus vite!

Vient d’ailleurs le moment où le mode pilote automatique est enclenché: on ne réfléchit plus, on avance sans essayer de comprendre, on marche dans les pas du guide, on suit la corde tendue devant soi, on marche même parfois en fermant les yeux… avec une seule idée en tête: continuer, ne pas abandonner malgré l’envie parfois de le faire!

En chemin on croise deux autres groupes qui sont montés jusqu’à environ 5800m et ont fait demi-tour car il y avait un risque d’avalanche… Mais mon guide me dit que nous nous allons continuer un peu, que ce n’est pas risqué… Bon c’est lui le spécialiste, il monte le sommet plus de 2 fois par semaine, alors je le crois et je le suis.

Nous atteignons les 6000m sans trop de difficulté et sommes récompensés par le lever du soleil qui nous réserve des couleurs de rouges, jaune et orange dans le ciel et sur les montagnes absolument fabuleuses.

Il ne nous reste que 88 petits mètres pour atteindre le sommet… Lucas, mon compagnon de challenge et moi nous regardons: que faisons-nous? On le monte ce sommet?

Un vent glacial souffle par rafales à plus de 50km transportant des flocons de neige, le sommet n’est absolument pas visible, il est complètement pris par les nuages, en un instant la belle vue sur les montagnes est devenue complètement bouchée, il n’y a plus rien à voir et on ne voit pas un seul morceau de ciel dégagé…

Autant vous dire, que la motivation pour faire encore 88m d’ascension très difficile et potentiellement risquée pour ne RIEN voir, avec un risque d’avalanche ne nous a pas motivé à cet instant précis…

Au final, nous savoir capable d’atteindre ces 6088m et en avoir déjà atteint 6000m nous a suffit et nous avons décidé d’en rester là...

Quand je vois les photos de certaines autres excursions par temps ultra clair, je me dis que ça vaut vraiment le coup d’y aller à ce sommet… mais voilà, c’est de la haute montagne, le temps est un peu imprévisible et surtout très changeant…

Mais je n’ai pas dit mon dernier mot, un jour peut-être j’irai le taper ce 6088m! En attendant, cette expérience de dépassement de soi m’a déjà apporté énormément et a réussi à me prouver que TOUT est possible!

 

*Vue sur une affiche de l’agence Climbing South America, cette phrase m’a interpellée et inspirée. 🙂 

Pour mon trek, je suis partie avec un guide local indépendant appelé German.

 

4 réponses

  1. Grangeon dit :

    Un grand bravo Lise pour cette belle expérience que tu nous fais partager …. tu as réalisé un bel exploit et quelque soit les défis que l’on fait on se retrouve dans tes mots …. oui j’ai pensé à mon ascension échouée du mont blanc à mes 18 ans il va falloir y remédier !!! Mon marathon me rappelle les sensations que tu décris ne pas lâcher …. encore merci pour tes aventures qui dans notre quotidien nous redonne un peu de rêve … à bientôt bisous

  2. Xavier dit :

    Bravo Lise… tellement impressionnant, à la fois dans l’aventure et dans le dépassement de toi… cela ne me surprend pas, mais félicitations !

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