3 mois après…

 

Voilà déjà 3 mois, jour pour jour, que je suis rentrée, et que le brouillon de cet article traîne dans un coin (numérique) de mon PC.

Je repousse le moment de le finaliser depuis que mes pieds ont touché le tarmac de Roissy, un peu comme si cela signifiait admettre que je suis vraiment revenue à ma vie parisienne après 7 mois de voyage aussi riches qu’intenses.

Mais il est clairement venu pour moi le moment de dresser un petit bilan de cette aventure. De plus, vous êtes nombreux à me demander ce que ce voyage a changé ou va changer pour moi, ce que cela m’a apporté, m’a permis d’apprendre…. Comment est-ce que je vis le retour?

Or il n’est pas toujours facile de répondre à ces questions au détour d’une conversation. Voici quelques éléments de réponse sur ce qu’a pu représenter ce voyager pour moi.

 

Un voyage hors du temps

7 mois d’une vie, c’est long et c’est terriblement court à la fois. Cela laisse du temps pour faire beaucoup et cela passe très vite. A l’échelle d’une vie c’est très peu et pourtant ce sont des mois qui comptent triple et pendant lesquels on se sent plus que jamais « vivre ». Un concentré d’émotions, d’aventures, un condensé de vie qui donne un nouveau sens à l’existence. Des moments privilégiés pour tester de nouvelles choses, rencontrer de nouvelles personnes, dépasser ses limites.

7 mois pendant lesquels on a enfin l’impression de toucher du doigt ce que signifie le mot Liberté. Cette idée que tout, absolument TOUT est possible. (même si tout n’est pas souhaitable et que tout ne peut pas nous rendre heureux, qu’il faut faire les bons choix…)

7 mois « hors du temps », hors du quotidien et du temps qui continue selon un cours égal et paisible pour ses proches. Un temps qui n’est absolument pas « perdu », que l’on prend pour soi. Une occasion unique dans une vie de faire ce que l’on souhaite au rythme où on le souhaite.

Une « pause » dans le temps qui défile, pour faire un arrêt sur image sur un moment marquant du voyage, ou au contraire un « rewind » sur son histoire afin de comprendre qui l’on est et qu’est-ce qui fait que l’on est tel que l’on est. Une période où l’on se retrouve confronté à nos contradictions et où l’on décide de ne plus se mentir, mais de faire face à ces petites incohérences pour remettre ses valeurs au centre de ses actions.

Un temps que l’on met à profit pour essayer de profiter du moment présent sans toujours penser à l’après, pour ne plus tout organiser mais aussi apprendre à vivre au jour le jour.

Et ce proverbe africain que l’on m’a rapporté pendant mon voyage et qui continuer de me faire réfléchir: « Toi tu as une montre, moi j’ai le temps« …

 

Une renaissance?

Est-ce ce qu’un voyage tel que celui-ci change notre vie, est-ce que l’on revient différent? Oui et non. On reste un peu le même, et on change un peu aussi: on devient son vrai soi, ses propres traits de caractères sont exacerbés… pour le meilleur et pour le pire. Cela peut changer beaucoup de choses dans une vie si l’on est à l’écoute de tous ces petits signaux faibles perçus pendant le voyage: ces réflexions que l’on se fait sur la route et qui si on les développe peuvent nous conduire à un tout autre éclairage sur la vie.

Cela permet de faire évoluer nos réflexions sur de nombreux sujets. Ce voyage a par exemple continué d’ébranler mes croyances. Tant d’horreurs ont été et sont encore commises au nom des religions que je suis tentée de revenir à une croyance cosmologique, plus « basique », en la nature, en la Pachamama*. Puiser sa force de la lumière, se sentir grisée par un air frais, écouter les bruits de la nature, respecter la faune et la flore… Plus que jamais je me suis rendue compte, durant mon voyage, à quel point nous sommes petits et combien le monde est grand. Tant de choses, tant de monde, tant de beauté, un univers de découvertes à réaliser. Nous ne sommes que peu de choses dans l’immensité de l’univers et sur cette belle planète. Je reste pour autant convaincue que chaque « goutte » compte (= le comportement de chacun d’entre nous) et qu’il ne faut pas se cacher derrière la masse ( = l’effet de groupe) pour se déculpabiliser de son propre comportement. C’est, à mon sens, très vrai en matière d’écologie.

Je me rends d’autant plus compte de l’importance de protéger cette belle planète qui est la nôtre et ses habitants. J’ai conscience d’avoir beaucoup « pris » pendant 7 mois: j’en ai pris plein les yeux, j’ai vu beaucoup de belles choses, j’ai reçu beaucoup de sourires, d’aide des locaux dont j’ai croisé la route… je sais que maintenant que je suis de retour, il faut que je trouve une façon de rendre un peu de tout cela, via du temps ou des dons à des associations peut-être, et dans tous les cas, via un changement plus global de comportement.

Aller vers une consommation plus raisonnée que par le passé par exemple. J’ai réalisé que le shopping (que je pratiquais pourtant déjà assez peu, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une fashionista), n’est pas une activité comme les autres ou un passe-temps… C’est impliquant. J’avais déjà amorcé cette prise de conscience avant mon voyage, mais voyager avec peu de choses pendant 7 mois a permis de confirmer que les achats ne sont parfois qu’un échappatoire à l’ennui (on se promène dans un centre commercial?), à l’envie (on veut plus que ce que l’on a, mieux, plus tendance…), au manque (on compense un manque d’affection, de reconnaissance…) Ce n’est pas une solution. Il faut se poser les bonnes questions.

 

Chaque chose a sa place et chaque chose à sa place

Quelle est l’importance que j’accorde à chaque chose dans ma vie ? Voilà une des questions que je me suis beaucoup posée durant ce voyage. Qu’est-ce qui est essentiel, et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Loin de tout, loin du quotidien, détachée de nombreuses préoccupations matérielles, on prend du recul, on relativise, on remet les choses en perspective et tout prend un sens nouveau. Qu’est-ce qui me manque le plus durant ce voyage?

POURQUOI ?  LA question récurrente de mon voyage. Remettre en question ce que l’on fait ou ne fait pas par habitude. Je voudrais garder cette habitude du questionnement par la suite, là où dans le quotidien on oublie trop souvent de se demander pourquoi on fait les choses et pourquoi on les fait de telle façon.

Pourquoi ai-je eu la chance de vivre ce que j’ai vécu ? Il m’est souvent arrivé lors de mon voyage de mesurer à quel point je suis petite. Toute petite dans un monde de géants. J’ai rencontré tant de gens au courage exceptionnel, tant de gens au grand talent, tant de gens au parcours ou à l’histoire passionnante.. voyager pendant quelques mois parce qu’on a l’argent de le faire n’est rien en comparaison avec tout cela et il faut garder en tête de façon très humble que notre avons surtout la chance d’être né au bon endroit…

Quand on reçoit une petite somme (intéressement ou participation par exemple), on se demande souvent quel est le meilleur investissement, comment placer cet argent pour qu’il fructifie et nous rapporte. Au moment de dépenser sans vergogne plusieurs mois de salaire (alors même que je ne travaille plus et n’en perçoit donc plus), je savais déjà que je faisais là le meilleur investissement que je n’aie jamais fait jusqu’à présent. Car pour une fois, j’allais capitaliser sur moi, sur ce que j’aurais découvert et appris pendant ce voyage, sur les rencontres que j’aurais fait, sur les réflexions que je me serais faites et les questions que je me serai posées, sur le recul que j’aurais pris… Je suis revenue avec une bucket list plus fournie que jamais et il n’y avait pas que des voyages dans la liste… d’autres beaux « investissements » personnels et projets en perspective.

Ce voyage est la meilleure chose qui me soit arrivée jusqu’à présent et ce dont je suis la plus fière également. 34 ans après on est toujours aussi satisfaite quand papa et maman te disent qu’ils sont fiers de toi et de ce que tu as fait… (traduire aussi: ils sont très heureux que tu sois revenue en vie!)  Mais le plus important est que l’on fait sauter le verrou de ses croyances limitantes, et ça, ça n’a pas de prix.  

 

Revenir, c’est mourir un peu…

Si partir, c’est mourir un peu, revenir l’est tout autant! Et je pourrais dire chaque mot de ce beau poème d’Edmond Haraucourt au sujet de la fin de mon voyage. Revenir, c’est mourir un peu…

Partir, c’est mourir un peu,

C’est mourir à ce qu’on aime :   

On laisse un peu de soi-même

En toute heure et dans tout lieu.

 

C’est toujours le deuil d’un vœu,

Le dernier vers d’un poème ;

Partir, c’est mourir un peu.

C’est mourir à ce qu’on aime.

 

Et l’on part, et c’est un jeu,   

Et jusqu’à l’adieu suprême

C’est son âme que l’on sème,

Que l’on sème à chaque adieu…

Partir, c’est mourir un peu.

 

« Le Rondel de l’adieu » par Edmond Haraucourt

Le retour c’est le moment terrible de l’introspection où l’on fait le bilan ravageur de sa vie après une parenthèse enchantée durant laquelle le temps n’avait plus de prise.

Le moment où l’on se rend compte que déjà 10 ans de sa vie sont passés et que l’on n’a pas toujours construit ce que l’on voulait comme on le voulait.

Le moment où l’on réalise que l’on se sent comme un oiseau qui a goûté à la liberté et dont on aurait ensuite coupé les ailes.

Besoin de sens, besoin de changement, besoin de challenge, envie de se poser, envie de faire voler en éclat chaque partie de sa vie.

Et le quotidien écrasant qui nous rattrape et nous empêche déjà de prendre la hauteur de vue souhaitée et nécessaire.

Ce sentiment que tout est possible, qu’aucune montagne est trop haute que l’on ressent lors d’un tel voyage et qui nous quitte peu à peu au retour…

Déjà les noms de certaines personnes rencontrées lors du voyage s’effacent peu à peu et sont remplacées par le chiffre d’affaire insignifiant des marques que l’on vend …

Les photos mentales de certains instants se dissipent alors que l’on voudrait absolument se souvenir de ces petites choses et les ancrer en soi à jamais: une musique, un paysage, une odeur, une émotion…

Il est urgent de réagir, mais que faire ?

 

Une seule certitude, le retour ne doit pas être une fin, mais un nouveau départ, une nouvelle page dans l’histoire de sa vie.

Fort des moments que l’on a vécus, des cartes postales mentales que l’on a engrangées, des qualités que l’on s’est découvertes, des rencontres qui nous ont bouleversées… le retour doit ouvrir de nouveaux horizons, une perspective aux possibilités infinies.

 

*la Terre-Mère en cosmogonie andine




Les réponses à certaines de vos questions sur mon voyage

Que de questions!

On me pose souvent les mêmes questions au sujet de mon voyage… 

Elles concernent le poids de mon sac, la nourriture, la sécurité, les visites, les raisons de mon départ, le coût du voyage, les pays visités… La plupart de ces questions, je me les suis posées moi aussi avant mon voyage, au moment de sa préparation, ou j’y ai pensé durant mon périple. Alors voici quelques éléments de réponse, que je partage avec les curieux ou les futurs backpackers.

 

Pourquoi es-tu partie? Pourquoi maintenant?

J’aime voyager depuis toujours, et j’ai toujours eu envie de faire un « tour du monde » mais ce n’était jamais le bon moment… Jusqu’au jour où j’ai compris que ce ne serait jamais le bon moment, qu’il y a aurait toujours de « bonnes raisons » pour ne pas réaliser ce rêve et que finalement c’était maintenant le moment de me lancer et de profiter pour explorer le monde. J’étais heureuse dans ma vie mais je ne voulais avoir aucun regret, surtout pas celui de ne pas être partie parce que j’étais seule à partir, parce que j’avais un bon job, ou parce que je considérais que j’avais passé l’âge de le faire…  Bref je me suis lancée! 

#meilleuredécisiondemavie

«Rester, c’est exister. Voyager, c’est vivre»  (Gustave Nadaud)

 

As-tu été malade?

Oui, trois-quatre fois. Au final, je n’ai jamais su ce qui m’avait rendu malade, tout avait bon goût! On fait attention au début mais très vite on mange de tout, sur les marchés, dans la rue, des crudités, des boissons avec glaçons… bref, ça fait partie du voyage, ce n’est pas si terrible, en tous cas pas plus qu’une bonne gastro-entérite française dont a l’habitude en hiver…

 

Quel poids faisait ton sac? Comment survivre avec si peu d’affaires?

Environ 12kg au départ et 17kg à l’arrivée. J’ai ramené des souvenirs et cadeaux, ce qui l’a légèrement chargé au retour… Mon conseil est de ne pas se charger trop au départ car tout s’achète sur place au besoin, et l’on a parfois envie de s’acheter des souvenirs ou des compléments à sa garde-robe (une tenue plus habillée, des gants ou un bonnet…)

On s’habitue à porter la même chose ou presque chaque jour, mais si on veut du changement on peut toujours laisser des vêtements dans les auberges de jeunesse et les échanger avec d’autres par exemple.

 

T’es-tu sentie en insécurité durant mon voyage? As-tu eu peur?

Non, mais j’ai été très vigilante, j’ai toujours demandé aux locaux des conseils sur les lieux à éviter ou au contraire sûrs et dans lesquels je pouvais me rendre seule. J’ai évité de sortir à pied le soir ou de me rendre seule dans certains lieux ou de prendre des taxis et j’ai vérifié leurs plaques avant de monter…

J’ai gardé mes affaires le plus près de moi possible dans les bus, dans la rue et les hostels… Au final, on m’a quand même volé 2 fois mon téléphone mais ce n’est pas si grave (il y aurait eu bien plus embêtant que cela: mon passeport, ma carte bleue, mon appareil photo…) et aucune violence n’a été utilisée pour cela (ce sont des pros, je n’ai même pas vu ou senti que l’on me volait!!)

Je ne vais pas détailler ici tous mes conseils sécurité, mais j’en ai plein, alors écrivez-moi à ce sujet si besoin.

Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, Essayez la routine… Elle est mortelle !  (Paulo Coelho)

Quel pays as-tu préféré durant ton voyage?

Difficile de répondre à cette question sans comparer des choses qui ne sont pas comparables: des mers et des montagnes, des volcans et des plaines, des musées et des sites historiques. Dans chaque pays que j’ai visité, j’ai vu ou fait des choses incroyables que je ne pensais pas faire ou voir. Quelques exemples de coups de cœur que j’ai eu durant mon voyage.

  • Australie: Fraser Island, Uluru, Vol au-dessus des Whitsundays
  • Nouvelle Zélande: Tongariro Crossing, Waitomo Caves, Queenstown
  • Colombie: La Guajira, Guatapé, Colcora et Salento
  • Guatemala: Acatenango, Atitlan, Seymuc Champey
  • Costa Rica: Arenal, Monteverde, Puerto Viejo
  • Brésil: Rio, Chapada Diamantina
  • L’Ile de Pâques
  • Chili: Le désert d’Atacama, Torres del Paine (visité lors d’un autre voyage)
  • Argentine: durant un autre voyage j’ai visité Buenos Aires, Iguazu, Ushuaïa,: j’ai adoré! Salta, Humahuaca.
  • Bolivie: Uyuni, Huayna Potosi, Sucre, Potosi
  • Pérou: Machu Picchu, Cusco, Cordillera Blanca, Huacachina
  • Equateur: Quilotoa, Cuicocha, Cotopaxi
  • Les Galapagos

 

Est-ce qu’on se lasse de voyager? Est-ce que l’on est moins émerveillé lorsqu’on a déjà vu beaucoup de choses auparavant?  

Non on ne se lasse pas de voyager, on connait la chance que l’on a de voyager et de découvrir autant de belles choses. Et puis 7 mois, cela reste court, on n’a pas le temps de vraiment se lasser. 

Est-ce que l’on compare ce que l’on voit à ce que l’on a déjà vu auparavant?  Oui, certainement, mais ce n’est pas parce que l’on a vu une superbe plage plus tôt dans son voyage que l’on n’apprécie pas celle que l’on a devant les yeux.

De plus, la façon dont on apprécie les choses dépend beaucoup de notre état d’esprit, des personnes avec qui on partage le moment, de comment on se sent… chaque lieu reste donc unique et riche en émotions.

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.   (Marcel Proust)

Combien est-ce que cela coûte?

Mon voyage m’a coûté 15 000 euros pour 7 mois de voyage tout compris (transport, repas, logement et activités compris). Cela fait environ 2200 euros par mois. Quand on pense au prix de la vie à Paris, on se dit que ce n’est pas tant que cela. Mais quel qu’en soit le prix, c’était un argent bien dépensé, il n’y a absolument aucun regret ou culpabilité à avoir.

ça ressemble à quoi le quotidien en voyage? Faisais-tu la grasse matinée ? Est-ce que tu ne faisais rien parfois ?

J’ai donné à mon voyage le rythme que je voulais lui donner. Il a été assez soutenu j’ai pas mal bougé, je ne suis restée que rarement longtemps à un même endroit, et je n’ai que très rarement « rien fait » car j’étais portée par l’envie de découvrir toujours plus.

En revanche, mon programme était hyper adaptable et j’ai fait preuve de souplesse dans mon itinéraire latino-américain donc je suivais l’envie du moment. Si je voulais accélérer ou ralentir le rythme, c’était possible, si je me levais avec l’envie de faire quelque chose de différent c’était possible aussi car je n’avais pratiquement aucune contrainte de transport.

 

Est-ce que tu referais tout pareil si tu devais repartir ? Qu’est-ce que tu changerais certaines choses ? Est-ce que tu serais prête à repartir ?

Si c’était à refaire, je repartirais sans hésiter, et je repartirais probablement pour un peu plus longtemps (3 mois de plus, on va dire) pour me laisser un peu plus de temps pour découvrir en profondeur certains lieux que j’ai aimé ou faire un bout de chemin avec certaines personnes rencontrées sur ma route avec qui je me suis bien entendue ou découvrir des endroits que je n’ai pas eu le temps de découvrir.

 

Est-ce que ça a enfin assouvi ton envie de voyager ? Est-ce que tu penses que tu repartir un jour ?

Non ! Bien au contraire, ça a allongé la liste des pays que je souhaitais découvrir mais aussi des activités que j’aimerais tester au moins une fois dans ma vie. Pour autant, j’avais toujours rêvé de faire un «tour du monde », de voir ce que cela faisait de voyager longtemps et de découvrir de nouvelles personnes et pays. En cela, j’ai été comblée !

Ce serait génial de repartir un jour mais dans un futur plus lointain, à 2 ou en famille. J’ai vu beaucoup de couples avec enfants qui voyageaient, c’est jouable!

 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite faire ce que tu as fait ?

  • Partir n’est pas fuir. Partir pour fuir sa situation personnelle ou familiale, une personne, un job, etc. n’est pas à mon sens la bonne façon d’envisager ce type de voyage. Il faut au contraire être bien dans sa tête et dans sa peau pour réaliser ce type d’aventure. Bref, avoir vraiment ENVIE pour construire et non pas faire table rase.
  • Partir léger, à la fois physiquement et mentalement :
    • Bien étudier son sac pour ne pas en emporter trop ! Lorsque la mobilité est facilitée tout paraît beaucoup plus simple et il est aisé d’aller d’un point A à un point B.
    • Se préparer un minimum pour éviter les tracas du quotidien lorsque l’on est loin de chez soi. (difficile de profiter si l’on est inquiet par ailleurs). Par conséquent, bien gérer en amont ce qui pourrait poser problème : impôts, suivi du courrier, location d’appartement… Anticiper également les galères (pertes de papiers, vols, maladie, etc.) avec une bonne assurance maladie et de ses biens… Bref, se sentir libéré de sa vie d’avant.
  • Ne pas écouter tout ce que l’on vous dira en amont de votre voyage. Ce type de voyage peut faire peur à votre entourage familial, amical ou professionnel, et susciter de nombreuses questions : disponibilité de l’argent nécessaire, impact sur la carrière professionnelle, questions sur la sécurité, questions sur les motivations intrinsèques de ce voyage, etc. Il faut rester ouvert à tout cela (il y a peut-être du bon et du vrai, de la légitimité dans ces questions) mais il ne faut pas que cela vous cannibalise, tétanise ou culpabilise. En cas de doute, le mieux est encore de poser la question à quelqu’un qui a déjà réalisé ce type de voyage (une connaissance ou via les réseaux sociaux)

 

Est-ce que tu ne t’es pas sentie trop seule ?

NON pas du tout ! Partir seul ne signifie pas voyager seul et être seul durant tout son voyage. Je peux actuellement compter sur les doigts d’une seule main les moments de « solitude » relative que j’ai vécu durant mon voyage. Quand on voyage seul, on est beaucoup plus ouvert à la rencontre, on apprend à aller vers l’autre avec facilité n’importe où (j’ai rencontré des gens dans le bus, sur la plage, dans des auberges de jeunesse, durant des tours…) et à engager une conversation pour un rien afin de provoquer le premier échange. On est donc toujours en train de partager son voyage avec quelqu’un.

Partir seul, c’est une chance incroyable. Celle de se (re)découvrir, de s’accomplir, de rencontrer, de choisir, d’aller à son rythme… Bref celle de faire un voyage vraiment à son image.

Par moment, être seul est la façon la plus intense de vivre un moment ou une expérience. Il arrive que la présence de l’autre, quel qu’il soit (même s’il s’agit d’un très bon ami, de supers potes, de son amoureux…), empêche de se concentrer sur ses émotions, sur son ressenti, sur ce que l’on voit… C’est souvent la peur du silence qui fait que l’on profite rarement à plusieurs sans parler (de choses d’ailleurs plus ou moins intéressantes!), mais qu’au contraire on meuble chaque instant d’un flow de paroles parfois inutiles pour décrire le présent alors qu’il suffirait de PRO-FI-TER…

J’ai découvert que les moments les plus intenses de mon voyage, je les ai vécus en solitaire : ce sont ceux où j’ai eu une rencontre privilégiée et exclusive avec la nature. (lors d’une randonnée ou d’une balade en solo par exemple).

 

Est-ce que tu as fait de belles rencontres ? Vas-tu revoir certaines personnes?

J’ai fait des tonnes de belles rencontres et quelques très belles rencontres de personnes que j’espère vraiment revoir. J’ai adoré avoir parfois l’impression que ce n’était pas le fruit du hasard mais qu’une personne avait été en quelques sortes placée sur mon chemin pour donner une nouvelle direction ou une autre dimension à mon voyage. Je me souviens de débats enflammés, de réflexions communes, de discussions enrichissantes… Je me souviens aussi de moments plus légers, d’éclats de rire, de regards complices. Entre voyageurs, on se comprend et on partage quelque chose de fort et d’unique. Il y a une vraie solidarité inter-voyageurs. C’est un monde à part.

 

Est-ce que tu aurais pu ne pas revenir ?

Oui et non… J’avais déjà prévu de revenir, je ne suis pas partie en abandonnant tout sans date de retour. (ce qui n’est pas le cas de certaines personnes que j’ai rencontré.) Je ne suis pas partie dans l’idée de découvrir mon futur lieu de vie, même si un coup de cœur n’était pas exclu. Au final, je reviens en me disant que la France est un lieu de vie privilégié.

 

Est-ce que tu appréhendes le retour en France et le retour à une vie « normale » ?

Un peu… c’est d’ailleurs ce qui a motivé mon départ pour « seulement » 7 mois là où je souhaitais initialement partir plus longtemps. J’avais peur de ce coup de blues d’après voyage, celui que l’on ressent quand l’adrénaline qui nous porte pendant plusieurs mois nous abandonne, quand on retrouve la routine d’un quotidien et d’une vie tranquille… J’avais peur d’être inadaptée à la vie de bureau à mon retour (rester sur une chaise toute la journée devant un écran!)

On verra comment cela se passe, je n’ai pas encore le recul suffisant pour voir comment je vais gérer cela. Je sais que pour moi le meilleur remède à cela c’est d’avoir des projets de voyage, perso, pro, d’activités… Je reviens avec une liste d’envies bien remplie donc cela ne devrait pas poser problème.

 

Est-ce que tu as bien mangé ? Qu’est-ce que tu as préféré ?

Je n’ai clairement pas fait un voyage gastronomique, entre les plats de pâtes que je me suis fait dans les auberges de jeunesse, les en-cas que j’achetais dans la rue ou sur le marché… Pour rester dans mon budget je n’allais pas souvent au restaurant à proprement parler.

Je retiens surtout de ce voyage quelques « saveurs » qui me parlent et sont très évocatrices pour moi : les avocats de Bolivie, les eaux de coco du Brésil, les empañadas chiliennes, le bœuf argentin, les brochettes de poulet boliviennes et péruviennes, le guacamole guatemalteque, la langouste et les crevettes des galapagos, les arepas colombiennes et guatemalteques, le hanghi neo-zelandais, le repas familial partagé à Chapada Diamantina… Autant de petits plaisirs dont je garde encore aujourd’hui le goût en mémoire.

 

Est-ce que tu as travaillé pendant ces 7 mois ?

Non ! Et je peux vous dire que je n’ai absolument pas culpabilisé car je suis partie en me disant que cet argent que j’allais dépenser sans (trop) compter pendant 7 mois je ne l’avais pas volé !

Si j’avais été plus jeune, et que j’étais partie à la fin de mes études, je serai clairement partie sans billet de retour et j’aurai, comme c’est le cas de nombreux jeunes voyageurs que j’ai rencontré, fait du volontariat pour le plaisir de donner, et testé différents jobs qui auraient financé mon voyage.

Etant donné la « courte » durée de mon voyage et le fait que j’avais un emploi qualifié qui m’attendait à la fin de ce dernier, j’ai profité pleinement des ces 7 mois pour prendre du temps pour moi sans travailler! ça ne m’a pas manqué comme vous vous en doutez!

 

La vie de backpacker, ça ressemble à quoi ? Qu’est-ce que ce voyage a changé pour toi ? As-tu avancé dans tes réflexions ? Qu’est-ce que ce voyage t’a apporté ?

Parce que ces questions entraîneraient des réponses beaucoup trop longues et qui méritent d’être développées, elles feront l’objet d’articles à part entière.

 

Vous avez d’autres questions? N’hésitez pas à les poser!

La curiosité est le plus joli des défauts.